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Michel J. Cuny - Eléments d'analyse de l'économie et des finances mondiales
3 juin 2014

30 - La propriété ou la mort

   Comme  nous  l'avons  vu,  la  société politique prônée par John Locke ne fait apparaître la défense de la vie de chaque "sociétaire" que de manière accessoire. Ce qui prime, dans cette réunion de propriétaires, c'est d'abord et avant tout la défense de la propriété. L'individu qui aura adhéré, par mégarde dirons-nous, à ce type d'organisation sans avoir pris la précaution de rassembler auparavant un minimum de biens dont il puisse démontrer qu'ils sont effectivement à lui, n'y sera rien qu'un ustensile, un instrument apte à entrer sous la domination d'un vrai "sociétaire".

  Nous retrouvons donc ici notre "chômeur". Son salut, à l'intérieur du système social, dépend de sa capacité, plus ou moins intermittente, d'oeuvrer dans l'intérêt de l'un au moins des propriétaires des moyens de production. En dehors de quoi, il lui reste aussi... la guerre : comme on le sait, les tout premiers salariés ont été les titulaires de cette "solde" qui fait le "soldat".

   Or, pour donner toute sa force à ce qui s'appelle le droit de propriété, John Locke se saisit de cette première occurrence d'un système de domination qui n'est plus celui de l'esclavage. Curieusement, nous y voyons resurgir notre petit morceau de métal jaune, mais, cette fois,  sous la forme d'un rejeton qui tient de sa parenté avec lui une extraordinaire faculté : "Le salut de l'armée, qui doit assurer celui de la république entière, exige l'obéissance absolue aux ordres de tout officier de rang plus élevé, et quiconque désobéit ou réplique aux plus dangereux ou aux plus déraisonnables d'entre eux mérite la mort ; pourtant, nous le voyons, le même sergent qui pouvait donner à un soldat l'ordre de progresser jusqu'à la gueule d'un canon, ou de rester posté sur une brèche, où sa mort est presque certaine, ne peut pas commander à cet homme de lui remettre un seul centime de son argent ;  d'autre part, le général peut le condamner à mort pour avoir abandonné son poste, ou pour avoir désobéi aux ordres les plus désespérés, mais tout ce pouvoir absolu de vie et de mort ne lui permet pas de disposer d'un quart de centime des biens de ce soldat, ni de saisir le plus insignifiant des objets qui lui appartiennent ; alors qu'il pourrait lui donner n'importe quel ordre et le faire pendre à la moindre désobéissance."

    À cet endroit précis, il convient sans doute de reprendre ce qu'écrivait Vladimir Ilitch Lénine en février 1917, après des millions de morts et des dizaines de millions de blessés répartis un peu partout à la surface du globe : "C'est précisément à présent, à l'heure où la bourgeoisie dirigeante se prépare à désarmer pacifiquement des millions de prolétaires et à les faire passer sans encombre - sous le couvert d'une séduisante idéologie et en les aspergeant, bien entendu, de l'eau bénite des phrases pacifistes mielleuses! - de leurs boueuses, puantes et infectes tranchées, où ils faisaient un métier de bouchers, aux bagnes des fabriques capitalistes où ils devront rembourser, "par un honnête labeur", les centaines de milliards de la dette d'État - c'est précisément à présent que s'impose, plus encore qu'au début de la guerre, le mot d'ordre lancé aux peuples par notre Parti en automne 1914 : "Transformer la guerre impérialiste en guerre civile pour le socialisme!"

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