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Michel J. Cuny - Eléments d'analyse de l'économie et des finances mondiales
2 juin 2014

31 - La bourse ou la vie

  À  ce  soldat  qu'en  raison  du  droit  de propriété son général ne pourrait pas même dépouiller de la menue monnaie qu'il a en poche, John Locke affirme que s'impose le devoir d'obéir sans mot dire aux ordres les "plus dangereux", les "plus déraisonnables", ou les "plus désespérés" susceptibles d'entraîner une mort à peu près certaine et tout bonnement inutile...

   En la circonstance, il faut conserver à l'esprit que ce "soldat" du XVIIème siècle ne dépend pas d'un système de recrutement comparable à celui qui s'imposera bien plus tard au fantassin de 14-18. Il n'agit pas en tant que patriote dans le contexte d'une nation qui le traite en citoyen. Il fait la guerre en qualité de mercenaire. Il remplit donc une stricte obligation de travail.

   C'est dans le cadre de la mise en oeuvre de cette obligation que sa vie ne vaut à peu près rien au-delà de la solde qu'on lui verse pour exercer ce métier de tueur d'autrui... avec, dans le camp d'en face, les mêmes que lui, dont la vie ne vaut rien de plus que la sienne : les frais d'entretien de leurs forces de travail, tout simplement.

   À l'inverse, c'est le fruit de son activité "laborieuse", pour autant qu'il en reste quelques vestiges, en monnaie sonnante et trébuchante, dans sa poche, qui, d'être couvert par la puissance du droit de propriété, revêt un caractère sacré.

   La monnaie n'est donc pas un accessoire de l'être humain : même un général ne pourrait pas la lui prendre, et ceci sous aucun prétexte. Au contraire, la vie du "soldat" est un accessoire dont on peut le débarrasser à très bon compte... c'est d'ailleurs là que se situe, pour l'essentiel, la gloire de ses chefs, au XVIIème siècle comme plus tard, s'il faut en croire cet extrait d'une lettre adressée à sa mère par le lieutenant Charles de Gaulle, le 27 décembre 1914 : "Cela m'a pourtant fait quelque peine de quitter ma 7ème compagnie. Je ne l'avais commandée que dans les tranchées mais elle m'y avait pleinement satisfait. En deux mois déjà, elle avait perdu sous mes ordres 27 tués et blessés, ce qui n'avait rien d'excessif.

 

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