7 - Le minimum vital
Comme le souligne Adam Smith, sauf à ne pas permettre à l'ouvrier d'assurer sa subsistance et celle de sa famille, et, ainsi, à l'empêcher de se perpétuer en tant que travailleur, sa rémunération ne doit pas descendre sous un certain seuil...
Le minimum vital, quelle que soit la façon dont il se détermine, correspond précisément à la fonction sociale d'êtres humains qui accepteraient de se trouver réduits à n'être que des travailleurs, c'est-à-dire, en quelque sorte, des machines plus ou moins humanisées auxquelles, en économie politique capitaliste bien entendue, on aurait tort d'apporter plus de soins qu'elles n'en nécessitent pour continuer, d'une part, à produire de la bonne façon la richesse sociale, et, d'autre part, à se reproduire elles-mêmes (oh, merveille de la nature!) selon un rythme générationnel adéquat...
A. R. J. Turgot (1727-1781)
En tout cas, c'est à cette dernière condition que réduira les travailleurs une "force des choses" apparemment irrésistible, comme le souligne Turgot, contemporain et "ami" d'Adam Smith : "En tout genre de travail il doit arriver et il arrive en effet que le salaire de l'ouvrier se borne à ce qui lui est nécessaire pour lui procurer sa subsistance."
Au-delà de cette condition minimale, comment la richesse individuelle s'exprime-t-elle? A quoi la reconnaît-on? Adam Smith nous l'indique : "Tout homme est riche ou pauvre dans la mesure où ses moyens lui permettent de jouir des nécessités, des commodités et des agréments de la vie humaine."
Comment se les procure-t-il ? En en payant le prix, c'est-à-dire en offrant en échange ce qui incorpore une quantité identique de travail... Du travail de sa propre personne ?
Oui, s'il est cet ouvrier dont l'héritage réside uniquement dans un corps et dans un esprit qui en font un travailleur et rien qu'un travailleur...
Non, si comme Adam Smith en fait l'hypothèse, il s'agit de l'héritier d'une "fortune"...