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Michel J. Cuny - Eléments d'analyse de l'économie et des finances mondiales
8 mai 2014

55 - Seuls les travailleurs "productifs" sont exploités

     Contemporain de Ricardo et de Jean-Baptiste Say, Malthus va nous aider à préciser le point d'impact d'une lutte des classes dont le deuxième personnage cité nous a quelque peu fait perdre le fil.   

   Mais, avant d'en venir directement à lui, donnons un contexte à ses propos en nous retournant un instant vers Adam Smith (c'est-à-dire une cinquantaine d'années en arrière) et vers sa conception, embarrassée mais certaine, du travail comme seul producteur de la valeur économique.

   Cette aptitude particulière du travail suffit-elle pour qu'on puisse dire de lui qu'en toute circonstance, il serait "productif" (de valeur!...)? Que non! Et voici pourquoi, selon le "père" de l'économie politique classique : "Il y a une sorte de travail qui ajoute de la valeur à l'objet sur lequel il s'exerce ; il en est un autre qui n'a pas le même effet. Le premier, comme il produit de la valeur, peut être appelé travail productif ; le second, travail improductif. Ainsi, le travail d'un ouvrier de l'industrie ajoute généralement à la valeur des matériaux qu'il façonne la valeur de son propre entretien et celle du profit de son maître. Le travail d'un domestique, au contraire, n'ajoute de la valeur à rien."

   Par conséquent, si même la tâche d'un ouvrier se trouvait être équivalente en difficulté, etc., à celle d'un domestique, et si leur rémunération était exactement la même, l'un serait productif, l'autre improductif ; l'un serait "exploité", l'autre pas ; l'un produirait du "profit", l'autre rien.

   Veut-on maintenant une savoureuse petite liste de ces travailleurs "improductifs" qu'Adam Smith déteste par-dessus tout? Il nous la fournit aussitôt : "Le souverain, par exemple, ainsi que tous les officiers de l'infanterie et les magistrats à son service, l'armée tout entière, toute la flotte sont autant de travailleurs improductifs. Ils sont serviteurs de l'Etat et vivent d'une partie du produit annuel du travail d'autrui."

   Or, ce sont justement ces gens-là que Malthus juge d'autant plus importants, pour l'économie, qu'à la caractéristique d'être "improductifs", ils ajoutent celle, tout aussi remarquable et digne de respect, d'être... consommateurs d'une partie importante de la richesse produite... Voilà qui peut nous conduire très loin, et au moins jusqu'à John Maynard Keynes... Mais arrêtons-nous, pour l'instant, à Malthus.

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Commentaires
C
Pour être vraiment claire, suite à notre échange (intéressant par ailleurs) de courriers, et à cette discussion sur les mots, je conclue en disant que j'ai donc trouvé que votre texte sur Malthus, Smith, Say, manque un peu d'évidence. c'est pourquoi j'ai du le relire pour savoir de qui vous parliez à tel ou tel moment. Peut-être est-ce lié au fait que ce petit billet se situe dans la ligne d'autres études dont je n'ai pas pris connaissance. Peut-être existe-t-il d'autres causes.
C
nb : sur Adam Smith, je rectifie, et non sur Malthus. Je ne sais pas vraiment, sur un petit article ainsi, ce que vous avez voulu déduire en liant les deux personnages, mais justement j'ai souligné le caractère apparemment un peu parcellaire de votre étude ci-dessus.
C
Bonjour,<br /> Ces citations ne permettent pas vraiment de déduire quelque chose sur Malthus à ce stade. Ce qu'il range dans la catégorie "improductif" semble hétérogène.<br /> Quant à faire remarquer que l'improductif parfois consomme du produit, cela ne répond pas à grand-chose. Il consomme, mais quel pourcentage de ses biens consomme-t-il effectivement dans la machine économique, etc.<br /> <br /> En résumé, citations intéressantes, mais qui, sur cet article, ne permettent pas de tirer vraiment des conclusions. <br /> <br /> nb : s'agissant de votre remarque sur mon blog, j'écrirai une réponse dans la journée je pense.
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