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Michel J. Cuny - Eléments d'analyse de l'économie et des finances mondiales
13 juin 2014

20 - La propriété et la mort

   Est travailleur "libre", l'individu qui a été "libéré" des moyens de production qui lui sont pourtant nécessaires pour assurer sa survie et celle de sa famille. Fondamentalement, le travailleur libre est, d'abord et avant tout - et non pas accidentellement, mais par essence - un chômeur. Car, quoi qu'il en soit, en l'absence d'un droit au travail, la société capitaliste ne lui a rien promis d'autre... que le travail sur fond de chômage.

   En effet, la terre "nourricière" et le capital (où se tient le prix des subsistances dont la famille prolétarienne a un impérieux besoin) sont devenus propriété "privée" d'autrui, tout simplement parce que le prolétariat lui-même en est "privé".

   Cette privation, qui s'étend sur la planète entière, est la marque même de la division de l'humanité en deux camps principaux qui s'activent autour de la question de savoir où la mort opérera le plus de ravages. À l'échelle du monde, comme tout un chacun peut le constater à longueur de vie, cette division se traduit par l'existence simultanée de milliardaires en dollars ou en toute autre monnaie (leur part d'un gâteau qui est le fruit de l'histoire entière de l'humanité qui nous a précédés...) et de millions d'enfants qui n'en finissent pas de mourir de faim, en Afrique surtout.

   Pour récupérer (là où c'est encore possible) les moyens de survivre ne serait-ce que quelques jours ou quelques semaines de plus, le travailleur "libre" doit soumettre sa personne (celle de son conjoint ou même celle de ses enfants) à une activité qui, selon Adam Smith, fournira au propriétaire du sol une rente, et au propriétaire du capital (outils, matières premières et moyens de subsistance) un profit. Ce que reflète, selon lui, toute marchandise dont celle qui est primordiale : "Dans le prix des grains par exemple, une partie paie la rente du propriétaire, une autre paie le salaire ou l'entretien des travailleurs et du bétail de labour et de charroi employés pour les produire, et la troisième paie le profit du fermier."

   Or, pour Adam Smith (qui indique d'où chacune d'elles tire son origine économique), même après cette division en trois classes (dont deux de propriétaires), la source et le critère de la valeur de toute marchandise demeurent inchangés : "Le travail mesure la valeur non seulement de la partie du prix qui se résout en travail, mais de celle qui se résout en rente, et de celle qui se résout en profit."

   Ainsi donc, dès 1776, il était établi qu'au coeur du mode capitaliste de production, la valeur de la marchandise - et donc, la valeur même de la vie humaine - se rattachait dans sa totalité à... l'exploitation du travail. Ce qui est une autre façon de dire que l'appropriation privée des moyens de production par certains condamne le reste de l'humanité à une mort prématurée... de faim, à l'extérieur du système ; de maladie professionnelle (excès de fatigue, intoxications physiques ou psychiques, dont le stress et autres manifestations du désespoir, etc.), à l'intérieur...

   Et nous en sommes toujours là.

   Mais, avant que le capital n'assure le triomphe politique de la bourgeoisie, il y a eu le règne de la propriété féodale, puis, comme une survivance de celle-ci, sous une forme très modifiée qui ressemble à une amplification : la monarchie de droit divin.

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Commentaires
M
Merci pour l'intérêt que vous portez à notre travail. Vos encouragements nous vont droit au coeur.<br /> Très amicalement à vous,<br /> Michel J. Cuny - Françoise Petitdemange
B
De passage, il m'importe de vous dire que j'aime bien lire vos posts concis et pleins de bon sens. Continuez!
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