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Michel J. Cuny - Eléments d'analyse de l'économie et des finances mondiales
14 juin 2014

19 - La rémunération comme moteur d'appoint de l'exploitation

  La liberté, qui distingue le travailleur salarié de l'esclave, l'oblige à tenir lui-même la bride serrée à ses dépenses. Mais elle peut aussi le pousser à accroître la durée et l'intensité de ses efforts pour obtenir une rémunération supérieure (au moyen d'heures supplémentaires, par exemple), et améliorer ainsi son ordinaire.

   Non seulement il produira davantage (additionnant exploitation choisie et exploitation subie), mais il ajoutera, à sa force de travail telle que le minimum vital l'entretient, un surplus de force provenant de sa volonté de se surpasser et d'une consommation améliorée grâce à un supplément de salaire dont on constate bientôt qu'il ne l'aura conquis qu'au détriment de sa santé...

   Voici comment Adam Smith résume la première partie de ce processus : "Une subsistance abondante augmente la force physique du travailleur ; le doux espoir d'améliorer sa situation et de finir peut-être ses jours dans l'aisance et l'abondance l'encourage à employer cette force autant qu'il le peut. Par conséquent, là où le salaire est élevé, les ouvriers sont toujours plus actifs, plus assidus, plus prompts que là où il est bas [...]."

   Et voilà qui montre les limites de l'émulation ou de l'auto-suggestion : "Les ouvriers, au contraire, quand ils sont généreusement payés à la pièce, ont vraiment tendance à se surcharger de travail et à ruiner leur santé et leur constitution en quelques d'années. On estime qu'à Londres et en quelques autres lieux un charpentier ne peut pas conserver sa pleine vigueur plus de huit ans. Il se produit à peu près la même chose dans beaucoup d'autres activités où les ouvriers sont payés à la pièce, comme ils le sont généralement dans les manufactures, et même dans les travaux des champs, chaque fois que le salaire dépasse le taux ordinaire."

   Comme on le sait, aujourd'hui encore, aujourd'hui surtout, l'espérance de vie d'un ouvrier ou d'un salarié agricole, dans les pays occidentaux, n'a rien à voir avec celle des autres salariés..., ce qui n'empêche pas ces derniers de bénéficier de leur propre lot d'angoisses et de problèmes de santé. Pour sa part, Adam Smith avance cette constatation : "Les artisans de toute catégorie, ou presque, sont sujets à des infirmités particulières, causées par l'excès de soin qu'ils portent à leur ouvrage."

   Il faut donc trouver le juste équilibre, et éviter d'user prématurément la "poule aux oeufs d'or". Qui veut aller loin ménage sa monture, ainsi que nous le rappelle Adam Smith : "Je crois que, dans quelque métier que ce soit, on s'apercevra que l'homme qui effectue son ouvrage avec assez de modération pour s'y tenir constamment, non seulement conserve le plus longtemps sa santé mais exécute au cours de l'année la plus grande quantité d'ouvrage."

 

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